MaPrimeRénov' : Le budget pour la rénovation énergétique raboté.
Michel Barnier a beau avoir souligné l'importance de la "dette écologique", dans le projet de loi de finances (PLF) présenté jeudi, la transition écologique a subi un coup de rabot, notamment dans le domaine de la rénovation énergétique.
Le budget du dispositif MaPrimeRénov' est en baisse, de même que celui du Fonds vert (qui finance entre autres la rénovation énergétique des bâtiments publics locaux). Enfin, le PLF 2025 ne prévoit pas de nouveaux crédits pour la rénovation énergétique des logements sociaux.
• MaPrimeRénov' rabotée
C'est le principal outil de l'État pour massifier la rénovation énergétique des logements. Le budget accordé à MaPrimeRénov' est amputé d'un milliard d'euros. En 2025, les crédits alloués atteignent ainsi 2,3 milliards d'euros en AE (autorisations d'engagement).
"Cela s’explique par une sous-exécution des crédits en 2024", explique-t-on du côté du ministère du Budget. En clair, en 2024, tous les crédits n'ont pas été dépensés. Le gouvernement souligne aussi que le budget de MaPrimeRénov' reste en hausse de 900 millions par rapport à 2023.
Si elle regrette cette baisse, la Fédération du bâtiment (FFB) dit "comprendre qu’on s’aligne sur ce qui est réellement consommé aujourd’hui". Elle souhaite en revanche "qu’une somme supplémentaire puisse être réinjectée à l’avenir, dès lors que le marché décolle".
Le PLF consacre aussi les deux parcours de rénovation: la subvention par gestes (changer les fenêtres ou remplacer la chaudière ou refaire l'isolation...) et la subvention pour les rénovations d'ampleur (comprenant plusieurs gestes).
Début 2024, une réforme de MaPrimeRénov' avait mis fin aux subventions pour la rénovation par gestes, mais face à la chute des demandes, elle avait été suspendue quelques mois plus tard. Cette stabilisation de MaPrimeRénov' dans son périmètre actuel est une "bonne nouvelle" pour la FFB.
• La rénovation des logements sociaux en berne
Dans le monde HLM, on s'étrangle plutôt de ce qui ne figure pas dans le PLF. En effet, aucune ligne sur le financement de la rénovation énergétique des logements sociaux ne figure dans le document.
L'Union sociale pour l'habitat (USH) rappelle la signature d'un accord en septembre 2023 avec le ministre du Logement. L'USH s'y engageait à rénover les passoires thermiques (suivant le rythme du calendrier du DPE pour le logement privé) et le gouvernement, en échange, promettait 400.000 euros d'aides par an jusqu'en 2026.
En 2024, la moitié de la somme avait déjà été gelée. "Aujourd'hui, on apprend que rien n'est prévu dans le PLF 2025, la ministre a seulement dit que les 200.000 euros restant de 2024 seraient dégelés", explique Marianne Louis, directrice générale de l'Union sociale pour l'habitat.
"Mais nous, on a déjà engagé les rénovations sur la base de cet engagement, des travaux de cette ampleur ne se décident pas en 15 jours."
• Réduction du Fonds vert
Le Fonds vert, crée en 2022 par Elisabeth Borne, doit permettre de financer la transition écologique des collectivités. Il finance, entre autres, la rénovation énergétique des bâtiments publics locaux.
En 2024, 2,5 milliards d'euros étaient prévus pour financer ce fonds. Mais le budget avait déjà était raboté pour arriver à 2 milliards en février. Selon le PLF 2025, il tombe à un milliard.
"La baisse du Fonds vert, et plus encore les mécanismes proposés par l’État pour faire contribuer les collectivités à la réduction de déficit public, laissent planer la menace d’une forte rétractation de l’investissement local dans les années à venir", a réagi l’Institut de l’économie pour le Climat I4CE. Son vice-président Damien Demailly regrette un "projet de budget 2025 est décevant pour la planification écologique" mais "sans surprise étant donné la situation budgétaire".