La pression monte chez les propriétaires de logements G.
Le couperet va tomber dans quelques jours. Les propriétaires ont eu plus de trois ans pour s'y préparer: à partir du 1er janvier 2025, les logements classés G au titre du DPE ne pourront plus être proposés à la location. Cette interdiction s'applique sur les nouveaux baux, ou à la date de renouvellement d'un bail.
Si certains propriétaires ont effectué des travaux de rénovation énergétique, chez ceux qui n'ont pas anticipé, le stress est monté ces dernières semaines. "On a plusieurs bailleurs qui sont venus nous voir en nous disant qu'ils étaient pressés, qu'ils devaient absolument faire des travaux rapidement", témoigne Pierre-François Morin de chez Hello Watt, une entreprise spécialisée dans l'accompagnement à la rénovation énergétique.
"La période est un peu compliquée pour les propriétaires de logements G, mais on les rassure en leur expliquant qu'il existe des solutions rapides", nous explique Pierre-François Morin.
Il a ainsi vu venir des bailleurs qui avaient besoin de petits travaux, afin de pouvoir gagner rapidement une classe énergétique et mettre leur logement en location tranquillement. "C'est toujours mieux d'effectuer une rénovation globale, mais on sait que ça prend plus de temps et que ça coûte plus cher", explique Pierre-François Morin. "Alors des solutions existent aussi pour de petits travaux qui peuvent être réalisés en quelques semaines."
Le professionnel cite notamment l'isolation des combles ou l'isolation par l'extérieur qui peut se faire rapidement, même si un locataire occupe le logement. "Généralement, l'installation d'une pompe à chaleur fait aussi gagner une classe énergétique, même si l'idéal reste de la combiner avec un geste d'isolation", poursuit-il.
Des va-et-vient sur les logements en copropriété
Selon Pierre-François Morin, ce qui explique l'inquiétude des propriétaires, c'est aussi l'incertitude quant aux règles en vigueur. Si le calendrier d'interdiction de location des passoires thermiques est connu depuis 2021, des modifications ont été envisagées ces derniers mois.
Le gouvernement plaidait pour un assouplissement pour les logements G en copropriétés, à condition que des travaux soient planifiés. La rénovation en copropriété présente en effet des difficultés, notamment parce que les travaux à l'échelle de l'immeuble nécessitent l'accord de l'assemblée générale. Mais le sort de cette proposition de loi reste incertain, bousculé par la censure du gouvernement. Selon le site de l'Assemblée, elle devrait être examinée le 28 janvier 2025, soit après l'entrée en vigueur de l'interdiction.
Mais Hello Watt ne milite pas pour un report de l'interdiction de louer des passoires thermiques. "La loi est connue depuis plusieurs années, les possibilités d’anticipation existaient. Si on ne fait que décaler, les difficultés seront toujours les mêmes dans un an", explique Pierre-François Morin.
Le sujet, selon lui, est d'encourager les copropriétés à avancer vers des travaux de rénovation énergétique. "Et même si l'assemblée générale les refuse, il y a toujours la possibilité de réaliser des travaux à l'échelle du logement, notamment grâce à une bonne isolation intérieure qui permet de gagner des classes énergétiques", souligne-t-il.
"Je vais être obligée de vendre"
Certains immeubles sont cependant confrontés au problème inverse: une majorité s'accorde pour rénover énergétiquement, mais certains propriétaires n'en ont pas les moyens financiers et se retrouvent en difficulté.
Comme à Lyon par exemple, où les copropriétaires ont voté un projet de "réhabilitation énergétique essentiel", selon le syndic, pour des montants allant de 20.000 et 60.000 euros. Certains demandent un report.
Pour Laure, propriétaire depuis une vingtaine d'années, la facture va s'élever à plus de 38.000 euros, une somme qu'elle n'a pas les moyens d'engager. "Aujourd'hui, je vais être obligée de vendre, confie-t-elle à BFM Lyon. Parce que ça va peser sur mon taux d'endettement, ça va me surendetter."
Le syndic, pour sa part, rejette les accusations de précipitation. "Le démarrage remonte à plus de cinq ans. Il est porté en grande partie par l'État et la métropole de Lyon qui accompagnent à plus de 40% le syndicat des copropriétaires".
Cependant, ces problématiques ne sont pas propres à la rénovation énergétique car il peut arriver que des propriétaires ne puissent pas payer les charges ou financer des travaux de toutes sortes comme un ravalement de façade.
En France, 4,8 millions de logements sont classés F ou G, dont 1,5 million au sein du parc locatif privé, 0,4 million parmi les logements sociaux et 2,9 millions habités par leurs propriétaires, selon les estimations gouvernementales de 2023.